Y a t’il trop de communes en France ?

Il faut, parait-il, réduire le nombre de communes. On fera des économies. L’idée est répandue. La formule est séduisante et la solution semble facile à mettre en œuvre. Mais la réalité, comme souvent, n’est pas si simple. Parce qu’après tout de quoi parlons-nous ? Que voulons-nous réduire et quel est le but ? Quelle société voulons-nous ? Quel monde sommes-nous en train de préparer ?


La commune est la cellule de base de notre démocratie. Sans elle, rien n’est possible. Qu’il s’agisse de l’emploi, de l’éducation, du logement, de l’accès aux soins, de la sécurité, du transport, de l’aménagement, de la lutte contre le dérèglement climatique… rien d’efficace, rien de concret ne peut se faire sans l’échelon de proximité. La commune ne peut agir seule mais sans elle, rien de véritablement efficace ne se fait.
Dans un monde toujours plus impersonnel, aux responsabilités diluées, régit par des entités abstraites, numérisées et désincarnées, la municipalité, la commune, le village restent l’échelon de l’action concrète, de la vie de tous les jours, de l’accueil périscolaire que l’on veut rendre toujours plus attractif, du médecin de proximité que l’on tente coute que coute de préserver, de la police communale, de l’action sociale, de la culture de loisirs…
C’est l’échelon de l’action de toujours, de l’action de tous les jours, sans ostentation, simple, proche, humain.
La France compte 35 502 communes dont, 31 801 de moins de 3500 habitants.
Optimiser l’action publique ? oui, il le faut. Rationaliser, oui bien sûr, mais pas à n’importe quel prix. En garantissant à tous nos concitoyens la possibilité de garder un interlocuteur de proximité, un réceptacle a sa colère à ses inquiétudes mais aussi un relai à ses initiatives à ses projets, à ses engagements.
Alors regrouper, mutualiser, fusionner ?
– oui, si cela rend l’action locale plus forte,
– non si cela éloigne plus encore le citoyen des décisions qui le concernent au quotidien.

L’avenir je le crois est au global mais aussi à l’ultra local. Rien ne se fera sans nos communes rurales, sans leurs 550 000 élus bien sûr mais aussi sans leurs responsables associatifs, leurs dirigeants sportifs, leurs acteurs économiques et sociaux.
Alors, il faut résister, oui. Résister aux idées toutes faites, aux solutions simplistes, au vent mauvais de la technocratie arrogante et du dénigrement quotidien – « dépensiers », « inefficaces », « clientélistes », mais aussi « trop nombreux ». Eh bien, non. Les élus locaux ne sont pas trop nombreux. C’est une chance pour notre pays d’avoir ses 550 000 élus locaux dont 85 % sont totalement bénévoles, qui se consacrent à la chose publique, qui se consacrent à leurs concitoyens, et j’ajouterai, sans compter le million ou le million et demi de tous ceux qui ont rêvé de l’être et qui n’ont pas (ou pas encore réussi). Alors oui, tout cela est une richesse.
Préparer l’avenir, répondre au défi climatique, lutter contre la désertification médicale, construire la planète que nous laisserons à nos enfants se prépare ici et maintenant. Nos communes rurales sont la force de la république.