Courrière 1906 : survivre sous la terre
Le 10 mars 1906, à Courrières, dans le Pas-de-Calais, la terre tremble. Un souffle traverse les galeries. Une explosion. En quelques secondes, la mine devient un piège. 1 800 mineurs étaient descendus ce matin-là. Le grisou a tout balayé. Le feu court dans les tunnels, l’air se charge de poussière. Le silence retombe.
En surface, l’angoisse monte. On parle de catastrophe. Les secours s’organisent, mais l’ampleur du drame est inimaginable. On craint plus d’un millier de morts. Pourtant, sous terre, certains sont encore vivants.
Au plus profond des galeries, un groupe de 13 hommes se retrouve piégé. L’air est lourd, la lumière absente. Ils avancent à tâtons, cherchent une issue. Les jours passent. Rien. Alors ils s’organisent. Ils rationnent ce qu’ils trouvent : quelques bouts de bois, des restes de nourriture, l’eau qui suinte des parois. Ils mangent du cuir, des racines, des rats.
Ils parlent peu. Le souffle est compté. Ils avancent, reculent, se perdent. Huit jours passent. Neuf. Dix. Vingt jours sous terre. Le temps s’efface. Puis un filet d’air. Une brèche dans l’obscurité.
Le 30 mars, après 21 jours d’errance, les derniers survivants réapparaissent à la lumière du jour. Amaigris, épuisés, mais debout. Ils sont les miraculés de Courrières.
1 099 hommes ont péri dans la catastrophe. La plus grande tragédie minière d’Europe. Mais eux, dans l’enfer noir, ont tenu ensemble, ont fait société, même sous la roche écrasante.