Denis la Mache

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Fidélité, utilité, créativité : repenser nos rapports au savoir

Trois idéaux types de rapport à nos connaissances

Que faisons-nous vraiment du savoir que nous accumulons ? En comprendre la genèse et le sens ? l’utiliser pour agir, nous en inspirer ? Sans doute un peu des trois, et d’autres choses encore. Cette question me traverse régulièrement l’esprit lorsque je corrige les nombreux travaux d’étudiants qui jalonnent les fins de semestre. Leurs manières d’aborder les notions étudiées révélaient des logiques variées : approfondir un concept, le transformer en outil ou encore y puiser des idées pour réinventer le réel. Ces trois approches éclairent des rapports au savoir distincts, mais combinables pour former des appropriations singulières.

Cette observation m’a conduit à distinguer trois idéaux types de rapport au savoir : le rapport « fidèle, » le rapport « instrumental » et le rapport « inspirant. » Ces catégories permettent d’éclairer, un peu, la diversité des logiques qui sous-tendent l’usage que nous faisons de nos connaissances.

1. Le rapport « fidèle » : comprendre et approfondir

Le rapport fidèle consiste à s’engager dans une compréhension rigoureuse et approfondie du savoir. Il peut alors être considéré comme une fin en soi. Prenons l’exemple de Max Weber et de sa célèbre formule selon laquelle l’État détient le monopole de la violence légitime. Adopter un rapport fidèle signifie revenir au texte, analyser les termes clés — « violence, » « monopole, » « légitimité » — , replacer cette proposition dans le cadre général de la typologie des dominations légitimes que Weber élabore, interroger le contexte d’énonciation et les conditions d’une généralisation. Ce type de rapport met l’accent sur l’explicitation théorique et la précision analytique. Il s’inscrit dans la lignée de l’idéal scientifique décrit par Weber lui-même dans Le savant et le politique, où la quête de vérité est un objectif autonome.

2. Le rapport instrumental : mobiliser pour agir

Le rapport instrumental se caractérise par une mobilisation du savoir comme moyen au service d’un projet intellectuel ou d’une finalité pratique. Pour reprendre l’exemple de la phrase de Weber, cette posture consisterait à utiliser la notion de monopole de la violence légitime pour analyser des politiques publiques, éclairer des débats sur la sécurité ou proposer (voire justifier) des stratégies de régulation étatique. Ce rapport au savoir est particulièrement présent dans les domaines appliqués, où la recherche d’efficacité guide l’usage des concepts. Toutefois, comme l’ont montré Boltanski et Thévenot dans Les économies de la grandeur, cette orientation utilitariste peut conduire à une simplification excessive, réduisant alors le savoir à un outil fonctionnel.

3. Le rapport « inspirant » : penser autrement

Le rapport inspirant, enfin, met en avant le potentiel du savoir à provoquer des questionnements ou à ouvrir des perspectives nouvelles. Ici, il ne s’agit pas seulement d’utiliser ou de comprendre un concept, mais de saisir en quoi il ouvre des pistes de réflexion ou éclaire des expériences nouvelles. Appliqué à la phrase de Weber, un rapport inspirant pourrait conduire à interroger les formes émergentes de légitimation de la violence exercée par des acteurs non étatiques ou à questionner des modes alternatifs de régulation sociale. Cette posture dépasse le cadre strict de l’analyse pour nourrir des réflexions critiques et innovantes. Comme le souligne Pierre Bourdieu, le savoir peut être un levier pour déconstruire les évidences et envisager des alternatives au statu quo.

Articuler fidélité, instrumentalisation et inspiration

Ces trois rapports ne s’excluent pas : ils se croisent, se complètent, mais aussi parfois s’opposent. La fidélité au savoir invite à l’humilité, face à l’exigence de comprendre le monde dans sa complexité. L’instrumentalisation, parfois critiquée, rappelle l’urgence d’agir dans des contextes où le savoir doit répondre à des besoins concrets. Quant à l’inspiration, elle ouvre des horizons, bouscule les évidences et trace les contours de ce qui pourrait être.

Le véritable enjeu est de ne pas choisir un seul chemin, mais d’apprendre à naviguer entre eux, en fonction des contextes et des finalités. Car au fond, le savoir n’est pas qu’une réponse : c’est une question en perpétuel mouvement. Et si l’essentiel n’était pas de savoir, mais de savoir quoi faire de ce que l’on sait ?

Circuler ensemble, mais vraiment ensemble ?

Et si nos espaces urbains, conçus pour cohabiter, renforçaient en réalité les divisions ? Pistes cyclables, trottoirs, voies réservées : ces aménagements urbains promettent un usage harmonieux de l’espace, mais suscitent souvent des tensions et des conflits. Alors, que dit la sociologie à ce sujet ? Et surtout, comment repenser nos espaces pour favoriser le lien social ?

1. Espaces urbains : entre règles et fragmentation

Ferdinand Tönnies, sociologue allemand, distingue deux formes de liens : la Gemeinschaft , fondée sur la proximité et les relations personnelles, et la Gesellschaft , où des règles encadrent la cohabitation entre individus. Dans nos villes, ces deux modèles s’entrechoquent.

D’un côté, le code de la route régule la circulation. De l’autre, piétons, cyclistes et automobilistes agissent comme des micro-communautés, chacun défendant son territoire. Selon une étude récente publiée dans Urban Studies (2023), cette segmentation des espaces urbains amplifie les tensions. Les pistes mal adaptées transforment les interactions en conflits : les piétons reprochent aux cyclistes leur vitesse, tandis que les automobilistes jugent les pistes cyclables envahissantes.

2. La cohabitation ou la coexistence méfiante

Ces espaces fragmentés traduisent une « contrainte de cohabitation », selon l’expression du géographe David Harvey. Plutôt que d’encourager les rencontres, les aménagements urbains cloisonnent les usagers, instaurant une méfiance mutuelle.

Ce constat pose une question : comment passer d’une simple coexistence à une véritable convivialité ? Inspirons-nous des concepts d’urbanisme tactique : des rues transformées temporairement pour tester des usages partagés. À Nantes, par exemple, certaines rues piétonnes accueillent ponctuellement des marchés ou des événements, brisant les frontières d’usage et invitant au dialogue.

3. Ralentir pour mieux se rencontrer

Au lieu de multiplier les zones réservées, pourquoi ne pas imaginer des espaces réellement partagés, où chacun adapte sa trajectoire ? Des initiatives comme les « zones de rencontre » – où voitures, vélos et piétons circulent sans hiérarchie stricte – existent déjà. Ces espaces conservent l’interaction et l’attention à l’autre.

La ville peut ainsi devenir un lieu d’apprentissage collectif, où circuler côte à côte n’est pas seulement une obligation mais une opportunité : celle de découvrir les besoins de l’autre, d’apprendre à ralentir et à prêter attention.

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Bref, repenser nos espaces urbains, ce n’est pas seulement améliorer la circulation. C’est récréer les conditions du lien. En favorisant des lieux d’interaction plutôt que des zones cloisonnées, nous pouvons faire de nos villes des espaces où la rencontre redevient possible. Si l’espace ne fait pas la société, il en est une indispensable condition d’expression.

Collectivités sous pression : le grand bras de fer budgétaire de 2024

La France traverse une période troublée. Après la dissolution surprise de l’Assemblée nationale en 2024, des semaines d’attente pour former un gouvernement ont laissé place au débat budgétaire et à l’annonce d’un plan d’économies inédit.

Le Premier ministre, Michel Bamier, prévoit une réduction des dépenses publiques de 60 milliards d’euros, dont 5 milliards à la charge des collectivités locales. Cette annonce a provoqué une vive opposition, notamment chez les élus départementaux, dont une quinzaine peinent déjà à boucler leur budget, et municipaux. Si des précisions ont depuis limité l’effort à 450 grandes collectivités, les répercussions toucheront l’ensemble des exécutifs locaux.

Une nouvelle fois, l’État et les collectivités locales s’affrontent, entre incompréhensions et désaccords sur l’utilité des dépenses publiques locales. Ce bras de fer rappelle les efforts imposés sous François Hollande, lorsque 10 milliards d’économies avaient été exigés des collectivités entre 2014 et 2017. Déjà en 2017, la Cour des Comptes recommandait un dialogue plus équilibré entre l’État et les collectivités pour pérenniser ces efforts, une leçon visiblement oubliée en 2024.

Les associations d’élus, notamment communaux, rejettent l’idée de réduire leurs dépenses d’investissement et de fonctionnement sans compensation suffisante sur les dotations. Le dialogue, désormais rompu, reflète un profond malaise. Les enquêtes de l’Observatoire de la démocratie de proximité montrent un découragement croissant des maires, pris entre un État centralisateur, une dilution de leurs compétences et un sentiment de non-reconnaissance de leur rôle.

Maires empêchés : l’Etat ne doit pas fragiliser les élus locaux

La figure du maire, autrefois perçue comme un bâtisseur, s’est transformée au fil des décennies en celle d’un gestionnaire, puis aujourd’hui en un maire « empêché », voire un arbitre dans un contexte de complexité croissante. Cette évolution s’explique par l’inflation des textes législatifs, l’alourdissement du cadre réglementaire et la multiplication d’acteurs dont les responsabilités deviennent opaques. Une situation qui amène de nombreux élus à douter de leur capacité à agir et à contribuer au vivre-ensemble.

La rentrée parlementaire 2024, marquée par la préparation du projet de loi de finances 2025, risque d’exacerber les tensions entre l’Exécutif et les élus locaux. Les propos de l’ancien ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, pointant un déficit de 16 milliards d’euros imputé aux collectivités, illustrent cette crispation. Si ces déclarations visent à alerter, elles pourraient aussi masquer une stratégie de provocation, alimentant l’idée d’un bouc émissaire. Pourtant, l’analyse nuance cette responsabilité et souligne l’impasse de telles accusations.

Depuis 2018, les études de l’AMF, de l’AMRF et du CEVIPOF ont largement documenté une relation dégradée entre l’État et les collectivités, marquée par un dialogue fragilisé et un manque de reconnaissance envers les maires. Le partenariat, revendiqué dans les discours ministériels, semble davantage relever de la rhétorique que d’une réalité opérationnelle. Il est tant de reconstruire la nécessaire relation de confiance.

Consensus éclairé : poïétique de la création collective et de l’innovation démocratique


Le concept de poïétique, dérivé du terme grec “poiesis” qui signifie “faire” ou “créer”, s’avère particulièrement pertinent dans l’analyse des processus créatifs et génératifs. En explorant les fondements théoriques de la poïétique, tels que développés par Martin Heidegger ou encore Paul Ricœur, on découvre une dimension essentielle de la création humaine : la capacité à engendrer quelque chose de nouveau à partir d’éléments existants.

Les propos qui suivent vont tenter de montrer comment et pourquoi le consensus éclairé incarne cette notion poïétique, dépassant la simple agrégation des opinions individuelles pour produire des décisions collectives inédites


La Nature Poïétique du Consensus Éclairé

1. Création Collective

Le consensus éclairé implique un processus où les participants collaborent activement pour créer une solution commune. Contrairement à une simple addition d’opinions, ce processus engendre une réalité nouvelle qui n’existait pas auparavant.

Interconnexion des Contributions : Chaque participant apporte des perspectives originales. Ces contributions ne restent pas isolées mais s’agregent pour former une solution globale. La richesse du consensus éclairé réside dans cette capacité à intégrer divers points de vue pour créer quelque chose de nouveau et d’innovant.
– Résultats Émergents : Les décisions prises via le consensus éclairé sont souvent des créations émergentes, résultant de l’interaction dynamique entre les participants. Cette émergence est un marqueur clé de la poïétique, où le tout devient plus que la somme de ses parties.

2. Évolution des Idées

Dans un processus poïétique, les idées initiales sont continuellement revisitées et raffinées à travers le dialogue et l’interaction.

– Transformation des Idées : Les idées ne restent pas figées. Grâce à l’échange d’informations et aux discussions approfondies, elles évoluent et se transforment. Les participants sont encouragés à reconsidérer et à affiner leurs positions à la lumière des arguments et des perspectives des autres.
– Innovation et Créativité : Le consensus éclairé favorise un environnement où l’innovation et la créativité peuvent s’épanouir. Les nouvelles idées émergent souvent de la fusion de différentes perspectives, ce qui conduit à des solutions plus robustes et bien pensées.

3. Transformation des Participants

Le processus poïétique n’affecte pas seulement les décisions prises, mais aussi les individus impliqués.

– Apprentissage et Développement : Les participants développent une compréhension plus profonde des enjeux et des perspectives des autres. Ce processus éducatif enrichit leur propre pensée critique et leur capacité à délibérer.
– Évolution Personnelle : En engageant activement dans le processus délibératif, les individus évoluent personnellement par affinage et métissage de leurs positions.

Le Processus Poïétique du Consensus Éclairé

Le consensus éclairé est intrinsèquement poïétique en raison de la manière dont il structure le processus délibératif :

– Dialogue et Délibération : Les discussions ouvertes et transparentes sont au cœur du consensus éclairé. Ce dialogue continu permet de revisiter les idées, d’ajuster les positions par effet de réciprocité et de développer des solutions partagées.
– Mise à Jour des Présupposés : Chaque participant est encouragé à mettre à jour ses présupposés à la lumière des nouvelles informations et des arguments présentés. Cela crée un processus dynamique et évolutif.
– Création d’une Réalité Partagée : Le résultat final est une création collective qui reflète les contributions et l’engagement de tous les participants. Cette réalité partagée est une nouvelle création issue du processus délibératif.

En guise de conclusion…

Le consensus éclairé est une poïétique de la délibération démocratique car il génère des résultats émergents, innovants et créatifs qui transcendent la simple addition des contributions individuelles. En favorisant la création collective, l’évolution des idées et la transformation des participants, le consensus éclairé incarne pleinement la capacité générative et transformative de la poïétique. Ce processus offre une voie prometteuse pour des décisions démocratiques plus inclusives, légitimes et durables, tout en enrichissant les participants et la société dans son ensemble.

Les milles visages de la famille rurale

On imagine souvent la campagne comme un bastion de traditions figées, mais la réalité est bien plus complexe et en constante évolution. La famille rurale d’aujourd’hui évolue, s’adapte, se diversifie. Et elle a bien des défis à relever. Sur ce sujet comme sur beaucoup d’autre il est utile de dépasser la caricature pour aller voir de près comment on vit vraiment à la campagne.

Les familles rurales, autrefois largement perçues comme conservatrices, se diversifient. D’après une étude de l’INSEE, près de 18 % des familles en zones rurales sont aujourd’hui des familles monoparentales ou recomposées, un chiffre en augmentation régulière ces dernières décennies. Bien sûr, les familles nucléaires (le père, la mère et les enfants) restent présentes, mais on voit bien que les modèles évoluent, influencés par les normes urbaines tout en conservant un socle de valeurs traditionnelles, notamment autour de la transmission patrimoniale et de l’entraide intergénérationnelle.

En parlant de solidarité, c’est d’ailleurs un élément central de la vie à la campagne. Le sociologue Benoît Coquard montre que 60 % des habitants des petites communes participent régulièrement à des réseaux d’entraide locale , que ce soit pour la garde d’enfants, des travaux de rénovation, ou d’autres formes de soutien quotidien. Ce système de solidarité compense souvent le manque d’infrastructures publiques dans nos territoires et renforce la cohésion entre les générations.

Enfin, j’aimerais dire un mot des migrations de populations et des retours vers le rural. Chaque année, environ 20 000 personnes choisissent de s’installer dans des communes rurales après avoir vécu en milieu urbain, apportant avec elles de nouvelles habitudes et des attentes différentes. Parallèlement, les départs de nos jeunes vers les villes, que ce soit pour les études ou l’emploi, modifient les dynamiques familiales et créent des tensions. Pour certains, ce phénomène engendre un sentiment de relégation, renforcé par le vieillissement des familles qui restent sur place.

Ces transformations dessinent un paysage rural pluriel où traditions et modernité coexistent, parfois avec des frictions, mais aussi avec de belles opportunités. En tant que maires ruraux, nous avons un rôle essentiel à jouer pour accompagner ces évolutions et assurer la vitalité de nos villages. Puissions nous avoir encore longtemps les moyens de développer des politiques locales à la fois simples et ambitieuses  qui répondent aux réalités d’aujourd’hui.

Le consensus éclairé

Imaginez une délibération démocratique où chaque voix compte vraiment, où la compréhension mutuelle et l’information éclairée sont au cœur des décisions. Un doux rêve ? Peut-être pas. Ça marche déjà. Aucune magie dans tout cela. Juste le résultat d’une démarche minutieuse, expérimentée dans quelques collectivités territoriales de petite taille. Bienvenue dans l’ère du consensus éclairé.

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Qui gouverne localement ?

Un pouvoir fragmenté et partagé : entre interactions et influences

Malgré quelques apparences trompeuses et quelques clichés décidément bien tenaces, le pouvoir local ne se présente jamais comme un exercice solitaire. Il résulte d’interactions complexes entre acteurs, alliant pouvoirs et contre-pouvoirs.

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green and brown leaves

Mise en place du consensus éclairé dans les collectivités locales : guide pratique

Mettre en place des processus de consensus éclairé dans la gouvernance locale peut transformer la manière dont les décisions sont prises, en assurant une participation inclusive, une compréhension mutuelle et des solutions innovantes. Ce guide pratique propose des actions concrètes pour aider les élus locaux à instaurer le consensus éclairé dans leurs communes, tout en garantissant les principes de la démocratie représentative.

Étape 1 : Préparation et Planification

1.1. Identifier les Enjeux

  • Définir les sujets : Sélectionnez les sujets et les projets importants qui se prêtent à une délibération collective, tels que l’urbanisme, les budgets participatifs, ou les projets environnementaux.
  • Engager les parties prenantes : Identifiez et impliquez toutes les parties prenantes pertinentes, y compris les citoyens, les associations locales, les experts et les fonctionnaires municipaux.

1.2. Former une Équipe de Facilitateurs

  • Recrutement : Recrutez des facilitateurs formés ou formez des membres du personnel municipal pour structurer et modérer les discussions.
  • Formation continue : Assurez-vous que les facilitateurs reçoivent une formation continue sur les techniques de facilitation, la gestion des conflits et les méthodes de délibération.

Étape 2 : Information et Sensibilisation

2.1. Fournir des Informations Complètes

  • Documents préparatoires : Distribuez des documents clairs et compréhensibles sur les sujets à débattre, incluant les enjeux, les alternatives et les implications.
  • Séances d’information : Organisez des séances d’information publiques pour expliquer les sujets et répondre aux questions des citoyens.

2.2. Assurer la Compréhension

  • Communication accessible : Utilisez un langage accessible et univoque pour communiquer les informations, en évitant le jargon technique.
  • Supports visuels : Employez des supports visuels tels que des graphiques, des diagrammes et des présentations pour faciliter la compréhension.

Étape 3 : Déroulement des Délibérations

3.1. Organiser des Forums de Délibération

  • Forums citoyens : Créez des forums de délibération où les citoyens peuvent discuter et débattre des sujets en groupe. Il doit être clair pour chacun qu’il s’agit non pas de décider mais d’éclairer la decision finale du conseil municipal qui de son côté devra prendre en compte les travaux des forums sous peine de discredit.
  • Groupes de travail : Formez des groupes de travail thématiques pour approfondir les discussions sur des aspects spécifiques des sujets. A ce stade du processus, l’objectif est de faire émerger une vision la plus large possible du sujet.

3.2. Faciliter les Discussions

  • Règles de conduite : Établissez des règles de conduite pour les discussions, garantissant le respect mutuel, l’écoute active et la prise de parole équitable.
  • Techniques de facilitation : Utilisez des techniques de facilitation telles que le tour de parole, les cartes de priorité et les débats en petits groupes pour encourager la participation de tous.

Étape 4 : Élaboration du Consensus

4.1. Synthèse des Discussions

  • Compte-rendus : Préparez des compte-rendus synthétiques des discussions, en mettant en évidence les points de convergence et les divergences.
  • Feedback continu : Fournissez un retour continu aux participants sur l’avancement des discussions et l’intégration de leurs contributions.

4.2. Recherche du consensus

  • Propositions modifiées : Modifiez les propositions initiales en fonction des discussions pour refléter les préoccupations et les suggestions des participants.
  • Vote final : Organisez un vote final pour valider les décisions, en cherchant à obtenir un accord large mais pas nécessairement unanime. Ce vote est le fait des elus municipaux

Étape 5 : Mise en Œuvre et Suivi

5.1. Adoption des décisions

  • Transparence : Publiez les décisions finales et expliquez comment elles ont été influencées par le processus de délibération.
  • Communication : Utilisez divers canaux de communication (réunions publiques, newsletters, réseaux sociaux) pour informer la communauté des résultats.

5.2. Suivi et évaluation

  • Mise en Œuvre : Assurez-vous que les décisions prises sont mises en œuvre de manière transparente et efficace.
  • Évaluation Continue : Évaluez régulièrement le processus de consensus éclairé et ajustez-le en fonction des retours des participants et des résultats obtenus.

Intégration dans les Principes de la Démocratie Représentative

Renforcement du mandat représentatif

Le consensus éclairé ne remplace pas la démocratie représentative mais la renforce en augmentant la légitimité des décisions prises par les élus. En impliquant les citoyens dans le processus délibératif, les élus peuvent prendre des décisions mieux informées et plus largement acceptées.

  • Légitimité Accrue : Les décisions prises avec un large consensus sont perçues comme plus légitimes et bénéficient d’un soutien plus large de la population.
  • Renforcement de la Confiance : En montrant que les élus prennent en compte les avis et les préoccupations des citoyens, la confiance entre les électeurs et leurs représentants s’accroît.

Participation citoyenne éclairée

La participation des citoyens au processus de consensus éclairé s’inscrit dans la tradition de la démocratie participative tout en la rendant complémentaire à la démocratie représentative.

  • Inclusion Active : Le processus assure que les citoyens sont activement inclus dans la prise de décision, renforçant ainsi leur engagement civique.
  • Education Civique : En participant à des délibérations informées, les citoyens développent une meilleure compréhension des enjeux politiques et des processus décisionnels.

Transparence et responsabilité

Le consensus éclairé augmente la transparence des processus décisionnels et renforce la responsabilité des élus envers leurs électeurs.

  • Processus Transparent : Les discussions ouvertes et les comptes-rendus publics permettent de suivre le processus de décision et de comprendre comment les décisions sont prises.
  • Responsabilité Renforcée : Les élus restent responsables de leurs décisions, mais celles-ci sont éclairées par un large éventail de perspectives citoyennes.

Conclusion

Instaurer des consensus éclairés dans la gouvernance locale permet de renforcer la légitimité et la durabilité des décisions prises, tout en s’inscrivant dans les principes de la démocratie représentative française. En suivant ce guide pratique, les élus locaux peuvent promouvoir une participation citoyenne active, favoriser la compréhension mutuelle et générer des solutions innovantes et partagées. Le consensus éclairé n’est pas seulement un outil de prise de décision, c’est une voie vers une démocratie locale plus authentique et plus inclusive.

three persons sitting on the stairs talking with each other

Réduire les Inégalités Rurales : Vers des Politiques Jeunesse Plus Efficaces

Une étude récente du CREDOC, vient alimenter des chiffres de l’INSEE et révèle une situation pour le moins préoccupante : 27% des jeunes vivent en milieu rural, mais seulement 1 sur 10 poursuit des études supérieures. Ceux qui partent pour étudier ne reviennent généralement pas.

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