Denis la Mache

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L’école rurale en question

Après l’avoir tant aimée, on s’est mis à trouver bien des défauts à notre école rurale. On lui a reproché son isolement, sa tendance à enfermer les enfants dans l’horizon limité de leur territoire, la pauvreté de l’offre culturelle ou artistique et surtout un coût exorbitant pour nos petites communes. Mais qu’en est-il vraiment ?

L’école communale se mourrait lentement quand, au début des années 2000, une solution est arrivée : c’était les écoles en réseau. Les objectifs assignés à ces réseaux étaient ambitieux et prometteurs : maintenir les écoles proches des lieux de vie, stabiliser les équipes enseignantes, mutualiser les ressources et améliorer les résultats des élèves. On n’a alors pas trop prêté attention à quelques études qui soulignaient l’efficacité de l’école rurale et concluaient que « la structure des petites écoles, qui groupent plusieurs niveaux dans une même classe, favorise la réussite des élèves. Les classes à plusieurs niveaux sont plus favorables aux apprentissages que les classes à un seul niveau ».

Ignorant cela, l’école rurale se réinventait notamment en concentrant les élèves dans des groupes scolaires neufs équipés d’importants moyens pédagogiques. Cette politique a eu plusieurs effets, plus ou moins voulus, plus ou moins bénéfiques à long terme.

D’abord, elle a ancré dans l’esprit de beaucoup d’acteurs locaux que « l’isolement » était la cause de bien des maux : retard scolaire, performances médiocres, méthodes pédagogiques surannées…

Mais cette politique a aussi stimulé le recours aux technologies de communication : les écoles rurales utilisent plus fréquemment les TIC pour l’éducation que les autres écoles.

Pour pérenniser les écoles, on a considéré comme prioritaire de favoriser l’accueil de nouveaux résidents, qui, pour beaucoup, travaillent en ville. Alors, pour répondre à leurs demandes, les rythmes de vie des enfants se sont adaptés à ceux des parents. On a généralisé et modernisé la restauration scolaire, confiant au passage la confection des repas à des sociétés spécialisées. On a créé des accueils périscolaires. Dans le même temps, les familles ont exprimé une exigence de qualité en matière scolaire. Conséquence de cela, la concurrence s’est invitée entre les services éducatifs. La proximité n’est désormais plus le seul facteur déterminant dans le choix d’un établissement scolaire. Pour éviter le risque d’une fuite des enfants vers les écoles de villes, facilitée par les déplacements professionnels quotidiens des parents, les collectivités ont développé et restructuré les services annexes à l’école (ateliers divers, cantine, garderies, centres de loisirs…).

Finalement se sont l’implantation et l’organisation de l’école elle-même qui ont évolué. Aux regroupements pédagogiques intercommunaux dispersés (avec les classes réparties dans les écoles des villages), on préfère les RPI concentrés plus faciles à doter d’équipements périscolaires, restaurant et garderie.

Petit à petit, l’école s’est mise à moins contribuer à la vie communale. Les dynamiques qu’impulsait l’éducation populaire liées aux institutions locales qu’étaient l’école ou la paroisse sont devenues moins visibles. Les enseignants sont aujourd’hui moins ces acteurs incontournables de la vie locale qu’ils avaient pu être il y a quelques décennies. Ils habitent d’ailleurs rarement le village dans lequel ils enseignent. Les accueils de loisirs péri et/ou extra scolaires sont gérés par des instances intercommunales, distantes des villages, souvent géographiquement et au moins administrativement.

De manière générale, la réorganisation du maillage scolaire en milieu rural ne peut plus guère se passer de la coopération intercommunale. La collaboration entre communes s’impose aux municipalités, dans le domaine scolaire comme dans beaucoup d’autres ne serait-ce que pour maintenir un service minimum. L’élargissement des aires administratives qui gèrent les affaires publiques du quotidien en milieu rural contribue à l’éparpillement et la segmentation des lieux d’activité. La dispersion tend à accroître l’isolement des personnes et à réduire les possibilités de constitution d’un sentiment d’appartenance à un collectif local. Si l’on y prend garde, les populations rurales risquent de disparaître derrière les zonages. Et à sa manière, l’école pourrait participer à cette « dissémination » qui menace l’identité rurale.

scenic view of agricultural field against sky during sunset

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C’est, paraît-il, un mal bien français que de rendre compliqué ce qui pourrait être simple. Tiens. Prenez par exemple nos territoires ruraux. Entre les communes, les communautés de communes, les départements, les régions… Si on ajoute les syndicats intercommunaux pour l’eau le gaz, l’electricité et les ordures ménagères…On n’y comprend plus rien.

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Jeunesse[s] rurale[s]

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