Jeunesse[s] rurale[s]

Il y a quelque temps, l’INSEE et le CREDOC se sont penchés sur les jeunes ruraux et les remarques de ces deux instituts ne peuvent laisser indifférents. En France 3,2 millions de jeunes de 17 à 29 ans vivent en milieu rural, c’est-à-dire 27% de la tranche d’âge. Derrière les chiffres bruts se cachent évidement une grande diversité de parcours, de styles de vie mais aussi quelques caractéristique s communes.

Dans la tranche des 18-22 ans, un jeune sur 10 quitte le rural pour suivre des études supérieures. Peu d’entre eux reviennent, ou alors bien plus tard. Ceux qui restent, dans une proportion bien plus importante qu’en ville, s’orientent vers la voie professionnelle et font des études plus courtes. Poursuivant moins souvent et surtout moins longtemps leurs études, les jeunes ruraux sont davantage en activité et plus précocement. Les garçons occupent plus souvent un emploi d’ouvrier, en particulier dans l’agriculture et la construction. Les filles quant à elles sont *, plus que leurs homologues urbains des employées, en particulier dans le secteur de l’administration publique, de la santé et de l’action sociale.

Les raisons invoquées sont l’offre de formation de proximité et les freins, notamment financiers à la mobilité. Pourtant, malgré une offre de formation plus restreinte qui limite la durée de leurs études et donc de leur niveau de qualification, malgré un accès à la mobilité qui peut entraver leur insertion professionnelle, mais aussi malgré une couverture moins importante en service culturel, ou de santé les jeunes ruraux se disent attachés à leur territoire. Et ils le prouvent en témoignant plus qu’en ville leur confiance dans les relations de proximité et en étant plus investis que les jeunes urbains dans le bénévolat. Une récente enquête menée auprès de jeunes ruraux a fait ressortir que 80% d’entre eux vivaient dans des zones rurales en raison de leurs liens affectifs et familiaux. 71% se disaient confiants en l’avenir en dépit des difficultés liées à la vie en milieu rural.

Cet élément constitue autant de leviers à la fois pour nos jeunes et pour nos territoires. N’oublions jamais que notre jeunesse est le visage de la France de demain. Pour nous, élus, responsables associatifs ou administratifs les pistes d’action concrètes sont nombreuses et sont dejà mises en place parfois depuis longtemps et souvent avec succès sur de nombreux territoires. Par exemple :

  • Encourager activement les jeunes ruraux à participer aux processus de prise de décision qui les concernent notamment en les impliquant dans nos conseils municipaux
  • . Informer sur les soutiens possibles aux projets des jeunes, notamment via le réseau information-jeunesse
  •  favoriser les complémentarités d’acteurs impliqués  dans les politiques de jeunesse après des diagnostics partagés, impliquant des jeunes  eux-mêmes dans leur conduite

Partout dans nos villages, des initiatives fleurissent pour aider nos jeunes : campus de projets destinés à devenir de véritables incubateurs d’initiatives articulés avec les acteurs du territoire, Erasmus ruraux accueillant des jeunes en service civique autour de projets d’Animation, de lien social, de culture, de patrimoine, d’environnement et de développement durable. Il ne s’agit pas de ramener l’université à la campagne, de vouloir faire miroiter une vie étudiante dans nos villages, de faire de l’urbain en mode dégradé mais de permettre à nos territoire de de proposer une nouvelle voie, d’ouvrir d’autres perspectives. Accompagner les jeunes ruraux est l’affaire de tous mais cela ne revient pas nécessairement à les aider à partir, pas plus d’ailleurs que de les aider à rester. C’est les aider à construire leur projet, ici ou ailleurs, entre ici et ailleurs.