Maires empêchés : l’Etat ne doit pas fragiliser les élus locaux

La figure du maire, autrefois perçue comme un bâtisseur, s’est transformée au fil des décennies en celle d’un gestionnaire, puis aujourd’hui en un maire « empêché », voire un arbitre dans un contexte de complexité croissante. Cette évolution s’explique par l’inflation des textes législatifs, l’alourdissement du cadre réglementaire et la multiplication d’acteurs dont les responsabilités deviennent opaques. Une situation qui amène de nombreux élus à douter de leur capacité à agir et à contribuer au vivre-ensemble.

La rentrée parlementaire 2024, marquée par la préparation du projet de loi de finances 2025, risque d’exacerber les tensions entre l’Exécutif et les élus locaux. Les propos de l’ancien ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, pointant un déficit de 16 milliards d’euros imputé aux collectivités, illustrent cette crispation. Si ces déclarations visent à alerter, elles pourraient aussi masquer une stratégie de provocation, alimentant l’idée d’un bouc émissaire. Pourtant, l’analyse nuance cette responsabilité et souligne l’impasse de telles accusations.

Depuis 2018, les études de l’AMF, de l’AMRF et du CEVIPOF ont largement documenté une relation dégradée entre l’État et les collectivités, marquée par un dialogue fragilisé et un manque de reconnaissance envers les maires. Le partenariat, revendiqué dans les discours ministériels, semble davantage relever de la rhétorique que d’une réalité opérationnelle. Il est tant de reconstruire la nécessaire relation de confiance.